Communiqué / Alerte presse


Perturbation des âges U-Th-Pb par rétention partielle du Pb* dans des nanocristaux

le 13 mai 2022

Trois géologues du LGL-TPE à l'université Jean Monnet de Saint-Étienne ont participé à cette étude qui a identifié la cause des perturbations qui faussent la mesure du temps de roches Précambriennes du complexe de Napier en Antarctique.

Napier Antarctique
Napier Antarctique - Napier Antarctique

Intégration de données obtenues dans des monazites du complexe de Napier (Antarctique) par sonde atomique tomographique (SAT), microscopie électronique en transmission (MET) et datations micrométriques in situ. Image : Anne-Magali Seydoux-Guillaume.

 
L’interprétation de la dynamique planétaire passe par l’intégration de processus géologiques dans un cadre temporel. La géochronologie donne accès à un âge absolu mais aussi aux durées et vitesses des processus. Au cours des temps géologiques, les roches sont affectées par ces processus qui laissent des traces, parfois seulement visibles à l’échelle nanométrique. La sonde atomique tomographique (SAT) permet d’accéder à des informations isotopiques en 3D à l’échelle nanométrique. Cette technique analytique, appliquée récemment aux matériaux géologiques, ouvre des possibilités nouvelles pour améliorer notre compréhension des mécanismes actifs à l’échelle nanométrique.
 

Des chercheuses et des chercheurs du CNRS et des universités de Saint-Etienne, Lyon, Curtin et Edimbourg, ont identifié la cause des perturbations qui faussent la mesure du temps de roches précambriennes du complexe de Napier en Antarctique à l’histoire géologique mouvementée. Les résultats révèlent que dans ces roches, les radiochronomètres 238U/206Pb, 235U/207Pb et 232Th/208Pb de la monazite indiquent des âges discordants à l’échelle micrométrique. Les monazites les moins discordantes contiennent beaucoup de nanocristaux riches en Pb (Ø∼ 50 nm). Les plus discordantes contiennent au contraire peu de nanocristaux (Ø∼ 50 à 500 nm). La discordance est donc liée à la rétention partielle de Pb radiogénique (Pb*) sous forme de nanocristaux riches en Pb* à la suite d’un épisode de dissolution-précipitation incongruent. L’étude a également déterminé les moments de perturbation et mobilités du Pb*. Les grains de monazite ont cristallisé à 2,44 Ga et ont été affectés par deux épisodes de mobilité du Pb*. L’un (t1) à 1,05 Ga qui a conduit à la cristallisation d'une première génération de galènes nanométriques (Gn1) et une purge complète du Pb* de la matrice de la monazite. L’autre (t2) à 0,55 Ga est associé à la cristallisation d'une seconde génération de galènes (Gn2) ayant une signature 207Pb/206Pb indiquant un mélange de deux composants de Pb∗ hérités. Cet événement est caractérisé par une remise à zéro plus localisée des chronomètres U-Th-Pb de la matrice de la monazite que lors de l’événement t1.
 

Ces résultats sont possibles grâce à l’intégration de datations in situ à l’échelle micrométrique et au couplage des informations isotopiques et structurales obtenues en SAT et microscopie électronique en transmission (MET) à l’échelle nanométrique.
 

Références article

Partial retention of radiogenic Pb in galena nanocrystals explains discordance in monazite from Napier Complex (Antarctica). 2022. TURUANI, M. J. ; LAURENT, A. T. ; SEYDOUX-GUILLAUME, A.-M. ; FOGEROUSE, D. ; SAXEY, D. ; REDDY, S. M. ; HARLEY, S. L. ; REYNAUD, S. et RICKARD, W. D. A. Earth and Planetary Science Letters, vol. 588, 117567.

Retrouvez cette actualité, les images et les contacts scientifiques sur le site de l'INSU en cliquant ici.
Publié le 13 mai 2022