Communiqué / Alerte presse


Nouvelles connaissances sur les Paranthropus robustus

le 18 septembre 2025

Une étude, co-signée par Vincent Balter du LGL-TPE et publiée dans Nature Ecology & Evolution, sur des profils géochimiques dans l'émail d’hominidés sud-africains Paranthropus robustus indiquent que cette espèce exploitait à la fois les habitats forestiers et les prairies, et que les individus ne se déplaçaient pas de manière analogue aux grands singes africains.


Troisième molaire supérieure droite d'un "Paranthropus robustus
Troisième molaire supérieure droite d'un "Paranthropus robustus - Troisième molaire supérieure droite d'un "Paranthropus robustus

Troisième molaire supérieure droite d'un Paranthropus robustus. Elle fait partie d'un ensemble de dents fossilisées d'homininés des genres Australopithecus, Paranthropus et Homo, ayant vécu autour de 2 millions d'années avant notre ère en Afrique du Sud.
(Image : José Braga / Didier Descouens / CNRS Images)

Aux 28 profils géochimiques obtenues à partir des rapports isotopiques 87Sr/86Sr et élémentaires Sr/Ca et Ba/Ca, de 20 dents de Paranthropus robustus de Swartkrans et Kromdraai, les scientifiques ont associé les âges de formation de l'émail pour reconstruire des séries chronologiques. Ils ont prédit l’aire de répartition des individus de P. robustus à l’aide d’une cartographie de la signature isotopique 87Sr/86Sr et ont enfin effectué des analyses spectrales des séries chronologiques.

Bien que variable dans les dents formées précocement (en raison des origines géographiques variées du Sr d'origine maternelle), le rapport 87Sr/86Sr converge dans les troisièmes molaires formées plus tard, fournissant un marqueur sans ambiguïté de l'apport local de Sr. Les scientifiques décrivent cette convergence chronologique comme la « zone d'exploitation localement délimitée isotopiquement » (LIDEA), le produit de tous les habitats exploités localement après le sevrage et avant la puberté.

L'identification du LIDEA apporte des éclairages aux multiples questions d'adaptation, d'habitat et de résidence. Premièrement, LIDEA n'est cohérent ni avec une spécialisation pour la forêt riveraine ni avec celle pour la prairie dolomitique ouverte, mais suggère un mélange des deux. Deuxièmement, l'assignation géographique basée sur la cartographie de la signature isotopique du Sr permet l'estimation d'un territoire compatible avec celui des chasseurs-cueilleurs modernes. Troisièmement, les données ne soutiennent pas l'hypothèse de la philopatrie masculine et de la dispersion féminine, mais suggèrent plutôt un schéma d'immigration très variable. Enfin, l'analyse spectrale a révélé de nombreuses périodicités qui pourraient être liées à la saisonnalité, à la pénurie de ressources ou aux cycles lunaires.

L'application évidente de cette recherche est d'élargir à d’autres échantillons pour inclure d'autres hominidés anciens de la région, notamment les premiers Homo et Australopithecus, afin de répondre à la question cruciale de l'exploitation des niches et du comportement parmi les hominidés anciens.

Retrouvez ce résultat scientifique et le contact scientifique sur le site du CNRS Terre & Univers en cliquant ici.
 

Référence article

SILLEN, Andrew ; DEAN, Christopher ; BALTER, VincentGeochemical chronologies in Paranthropus robustus teeth inform habitat and life histories, Nature Ecology & Evolution, 2025, 9, pp. 1731-1738.

Publié le 29 septembre 2025