Une mission pour cartographier les déchets radioactifs de l’Atlantique
le 21 mai 2025
Le 15 juin 2025, la mission interdisciplinaire NODSSUM, portée par le CNRS, en collaboration avec l’Ifremer et l’ASNR, prendra la mer. De nombreux laboratoires nationaux et internationaux — dont le LGL-TPE — sont également partenaires de cette première mission de repérage qui s’effectuera avec le robot autonome UlyX de la Flotte océanographique française opérée par l’Ifremer. Les scientifiques prévoient deux campagnes afin de cartographier, avec des outils modernes, la zone d’immersion principale des nombreux fûts de déchets radioactifs immergés volontairement pendant 40 ans dans les plaines abyssales de l’Atlantique Nord-Est.
Carte NODSSUM - Localisation des zones dans la plaine abyssale de l’Atlantique Nord-Est des zones d’immersion de fûts radioactifs - NODSSUM
Entre 1946 et 1990, plus de 200 000 fûts remplis de déchets radioactifs ont été jetés par plusieurs états européens dans la plaine abyssale de l’océan Atlantique Nord-Est, dans les eaux internationales, à plus de 4 000 mètres de profondeur. Ces fûts contiennent des déchets incorporés dans du bitume et du ciment afin de remplir les espaces libres.
Le projet NODSSUM, campagne interdisciplinaire associant nucléaire, géologie, océanographie, biologie et chimie marine vise à cartographier la zone d’immersion principale et à comprendre le comportement des radionucléides dans les eaux profondes ainsi que leurs interactions avec les écosystèmes marins. Pendant un mois, les scientifiques parcourront les zones d’immersion des fûts radioactifs grâce à un sonar à très haute résolution, embarqué sur le submersible autonome UlyX qui réalise ses premières plongées scientifiques. Il survolera la zone à environ 70 mètres d’altitude afin de cartographier et repérer les fûts et se rapprochera à une dizaine de mètres environ pour les photographier. Cela permet d’identifier les zones de réalisation d’échantillonnage d’eau, sédiments et faune, dans un premier temps, à distance des fûts.
Pour cette première mission interdisciplinaire, les scientifiques combinent plusieurs technologies de pointe et prévoient d’effectuer, depuis le navire, des prélèvements de sédiments à l’aide de carottiers mais également d’eau grâce à des rosettes. Des courantomètres mouillés au fond mesureront les courants de la zone abyssale. Les scientifiques installeront également des pièges à poissons et crustacés pour évaluer l’effet de ces déchets radioactifs sur les organismes marins et la dynamique de l’écosystème. À bord, les équipes disposeront d’instruments de mesure de la radioactivité. Ces mesures seront ensuite affinées par des analyses plus poussées en laboratoire.
Afin d’éviter tout éventuel risque radiologique, le projet prévoit un dispositif de radioprotection important à bord. Dès leur arrivée, les échantillons et instruments seront vérifiés et contrôlés afin de mettre en place toutes les dispositions de radioprotection adaptées à leur traitement et à leur stockage. Ce travail de précaution et de contrôle se poursuivra de manière adaptée tout au long des travaux scientifiques, y compris dans les laboratoires à terre.
Ces mesures et ces prélèvements permettront de sélectionner les sites à étudier plus finement lors de la seconde campagne. Celle-ci a pour objectif de cibler la proximité immédiate des fûts. Elle s’appuiera sur des engins sous-marins robotiques, ou submersibles, habités et dotés de bras mécaniques afin de manipuler et d’observer directement les fûts.
La mission interdisciplinaire NODSSUM fait partie intégrante du projet PRIME RADIOCEAN, porté par le CNRS et en lien avec le projet NODSSUM déposé auprès de la Flotte océanographique française.