Publication scientifique


A la recherche de polluants organiques persistants au Cameroun

le 4 décembre 2020

Guillemette Ménot, géochimiste au Laboratoire de géologie de Lyon, a participé à une recherche autour des polluants organiques persistants dans le lac Barombi et dans la mangrove de Douala au Cameroun. Cet étude a été menée par Kevin MBusnum Gweth, chercheur camerounais spécialiste de la chimie de l'environnement, dans le cadre de sa thèse.

Le lac Barombi au Cameroun
Le lac Barombi au Cameroun
Le lac Barombi au Cameroun
 

Cet article peut être lu en intégralité sur le site de l'Institut de Recherche pour le Développement.

Issus des activités agricoles, industrielles et des transports, les polluants organiques persistants (POPs) émis dans l’atmosphère présentent de nombreux effets nuisibles pour l’homme et l’environnement : dégradation du système immunitaire, altération de la reproduction et développement des propriétés cancérigènes. L’exposition prolongée aux POPs peut provoquer des perturbations chroniques, même à de faibles concentrations. En raison de leur propriété de bioaccumulation et de résistance aux processus de dégradation naturelle, des impacts sont également observés très loin des sources d’émission. Encadrés par la Convention de Stockholm, les POPs les plus nocifs, au nombre de 12, sont interdits.
 

Une étude quasi pionnière pour le Cameroun

De nombreuses études à travers le monde ont dressé l’inventaire de ces polluants dans différents environnements montrant parfois des taux de contaminations élevés. Sur le continent Africain, les études des POPs sont rares. Pourtant, évaluer les niveaux de contamination et estimer leur impact potentiel sur la santé humaine et les écosystèmes est une question prioritaire alors même que le continent doit faire face à un boom démographique, à une forte croissance agricole et industrielle et à une gestion des déchets inappropriée, voire inexistante.

La thèse de Kevin MBusnum Gweth, visait à évaluer la contamination en polluants organiques de différents environnements aquatiques du Cameroun. Mené en partenariat avec l'Université de Douala, ce doctorat s'est focalisé sur deux systèmes aquatiques distincts :
  • le bassin versant du Lac Barombi, 2ème site Ramsar du Cameroun et principale source d’approvisionnement en eau potable de la ville de Kumba ;
  • la mangrove de l’estuaire du Wouri située à proximité de Douala, (ville la plus peuplée avec près de 3 millions d’habitants) et un des principaux centres industriels de la Communauté Économique et Monétaire de l'Afrique Centrale.


Une analyse systématique de plusieurs types de POPs a été menée

Sur le bassin versant du Barombi Mbo, si aucun pesticides organochlorés (POCs) n’a été détecté dans les eaux, plusieurs polluants (e.g. endosulfan, les isomères HCHs, l’aldrine et le dieldrine) ont été repérés dans les sols et sédiments, les teneurs restant toutefois faibles.
Les analyses des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAPs) ont quant à elles montré que ceux-ci provenaient de la combustion de biomasse (herbes et bois) témoignant de l’agriculture sur brulis pratiqué sur le bassin.

Dans la mangrove de Douala, plusieurs POCs ainsi que des PCBs ont été détectés dans les sédiments. Les analyses d'HAPs indiquent des sources mixtes de combustion (biomasse et pétrole). Selon les lignes guides sur la qualité des sédiments (SQGs), les concentrations mesurées restent cependant faibles. Elles sont bien inférieures à celles observées dans des systèmes de mangroves fortement anthropisés, et indiquent pour l'instant un faible risque de toxicité sur les organismes aquatiques et l'écosystème en général.

A l’avenir, ce type d’étude devra être poursuivi pour assurer un suivi des polluants émergents dans les zones fortement anthropisées du Cameroun et plus globalement d'Afrique. La mise en place d'un système de veille des taux de contamination aux polluants organiques mais aussi d’autres sources de pollution (éléments métalliques par exemple) s'inscrit par ailleurs dans la dynamique "Douala, ville durable".

Défendue le 8 octobre 2020 à Aix-Marseille Université, cette thèse a bénéficié d’une bourse du SCAC de l'Ambassade de France au Cameroun, qui a permis à cet étudiant camerounais de mener ces travaux de doctorat au sein du LCE et du CEREGE sous la direction du Pr. Pierre DOUMENQ, du Dr. Pierre DESCHAMPS et du Dr. Laure MALLERET.

Référence de l’article : K.G. Mbusnum, L.Malleret, P. Deschamps, I. Khabouchi, L. Asia, S. Lebarillier, G. Menot, R. Onguene, P. Doumenq. Persistent organic pollutants in sediments of the Wouri Estuary Mangrove,Cameroon: Levels, patterns and ecotoxicological significance, Marine Pollution Bulletin, 5 Octobre 2020. DOI: 10.1016/j.marpolbul.2020.111542

Contacts : mbuskevin@gmail.com; pierre.deschamps@ird.fr

Cet article peut être lu en intégralité sur le site de l'Institut de Recherche pour le Développement.
Publié le 4 décembre 2020